AOZIZ est un réseau que nous souhaitons ouvert, inclusif et intersectionnel, afin de lutter contre l'exclusion sociale dans le secteur culturel. Cette structure crée les conditions d'une plus grande diversité dans le secteur. Ce réseau s'est constitué à Marseille, à partir de 2018, autour des questions intersectionnelles des droits LGBTQ+, des migrant-es ou demandeurs d'asile et des minorités en général
(féministes, musulman-es, porteurs de handicaps, etc.).


Nouveau site internet de AOZIZ : cliquez ici

« Ordinaires »
Festival AOZIZ 2023 (détails ici)

L'exposition
des Migrant-es de Marseille avec Adel Nouar :


Cette exposition d’une quinzaine de portraits se veut comme un modeste aperçu de la « normalité » qu’arrivent à installer dans leur vie à Marseille des personnes réfugiées, en situation de migration, et qui doivent faire face à l’expérience du déracinement. 

Bien sûr, le parcours de ses voyageurs reste semé d’embuches et la difficulté du quotidien reste pour la grande majorité d’entre elles et eux un problème majeur de leur vie ici, en France. Problème qui nous revient à nous aussi, marseillaises et marseillais, de questionner pour pouvoir partir à la rencontre de celles et ceux qui partage notre ville.

Néanmoins, derrière des destins compliqués, pour employer un euphémisme, il y a des personnes ordinaires, aux aspirations universelles : la paix, la sécurité sous toutes ses formes, le bonheur. Ainsi, ce travail photographique, composé à la fois de portraits pris sur le vif et de poses dans des lieux qui revêtent une signification particulière pour les modèles, propose de découvrir des « venants » en recherche de stabilité, pris dans la construction d’une normalité qui épouse au mieux les contours de leur statut.

L’exposition, pour rendre compte de cette quête de stabilité, se compose de trois volets. Un premier intitulé « C’est la fête » propose une immersion au sein d’un moment festif au sein du CADAAG (en français / in English) de la rue Saint Basile. Composante centrale de l’exposition, les clichés ici proposés mettent en avant le travail de l’AUP.

En effet, à l’occasion d’un repas de Noël coorganisé avec CALEM et plus largement le Festival AOZIZ, j’ai pu saisir ce moment de convivialité riche en sourires et en bonne humeur qui sont autant de victoires dans la quête d’une vie meilleure. Cette fresque de fragments heureux tissera un récit fort à valeur artistique mais également intellectuelle. Elle s’offrira au public comme une interpellation visuelle et sonore, une invitation à réfléchir sur les vies de gens qui luttent au jour le jour pour le respect de leurs droits et de leur dignité. 

Le second volet de l’exposition est axé sur des individus qui n’appartiennent pas au CADAAG de la rue Saint Basile, il s’agit d’électrons libres que j’ai eu le plaisir de rencontrer à l’institut CALEM, lors d’un shooting improvisé, l’idée a été de capturer des portraits candides et personnels de ces individus qui prennent à bras le corps leur nouvelle vie marseillaise. Plusieurs d’entre elles et eux ont formé des amitiés fortes, c’est pourquoi ce segment est intitulé « Moi, toi, ensemble ». 

Enfin, le troisième volet de l’exposition repose sur une collaboration avec le projet Sindiane, il s’agit ici de mettre en avant des femmes et des personnes issues de la communauté LGBTQIA+, afin de mettre en lumière des problématiques importantes, elles aussi universelles, dans la conquête d’une vie plus stable. Le titre de ce segment sera donc : « iels » (titre à confirmer suite au shoot avec elleux).

Pour finir, chaque cliché est accompagné d’un QR code permettant au public de mettre une voix et une histoire sur chaque visage. Cette interactivité a été pensée très modestement comme une manière de franchir un instant le mur qui nous sépare de ces femmes et de ces hommes [et autres] que nous croisons tous les jours.









Une exposition triptique
Festival de Marseille  -  
Université de Marseille  -  Centre LGBT+

---  SOMMAIRE  ---



Alieu Jalloh - président fondateur de l'AUP
Sierra-Léonais à Marseille





Cliquez ici pour ce témoignage en vidéo



QUI – Alieu Jalloh[1], un migrant sierra-léonais désormais à Marseille

Je m'appelle Alieu Jalloh. Je viens de Sierra Leone, un pays anglophone de l'ouest de l'Afrique. J'ai quitté la Sierra Leone le 26 mars 2017, et je suis arrivé à Marseille le 18 octobre 2017.

 

QUOI – le logement, principal problème des migrant.es arrivant en Europe

En arrivant à Marseille, le principal problème est la question du logement. C'est très difficile, à mon arrivée ici, j'ai dormi à la gare pendant trois jours. Et après cela, on m'a demandé d'appeler le 115[2], parce que vous devez lutter si vous voulez un abri d'urgence qui est censé être un droit humain fondamental pour les demandeurs d'asile et les réfugiés. J'ai eu la chance d'obtenir un logement pendant un mois et après cela, il a expiré. J'étais de nouveau dans la rue.

 

LOGEMENT PRIVÉ – pas de papiers légaux, vous payez plus

Donc, j'ai passé environ cinq jours dans la rue, et puis, j'ai rencontré quelqu'un de Sierra Leone aussi. Il s'appelle Ahmed. Il m'a dit qu'il avait obtenu des informations sur une maison située au 51 boulevard Dahdah. Si vous avez de l'argent, vous pouvez payer et vous pouvez avoir un logement sans aucun document ni aucun papier. Donc, comme nous sommes allés là-bas, nous avons rencontré quelqu'un qui était là-bas ; il était le gestionnaire d'une chambre et d'une salle de bain et d'un peu d'espace pour cuisiner. Et puis il nous a dit que le prix était plus élevé que ce qui avait été dit précédemment, qui était de 300 euros. Il a également dit que nous devions payer à l'avance avant d'entrer. Nous avons donc payé à l'avance pour vivre dans cet appartement pendant deux ans. C'était de février 2019 au 14 novembre 2019.

 

EXPULSIONS PAR LA POLICE - pas de preuve de paiement, aucune sécurité

Le 14 novembre 2019, à 8h00 du matin, la police municipale de Marseille est entrée dans l'immeuble. Ils ont dit qu'à partir d'aujourd'hui, plus personne ne pourra habiter cet immeuble car il n'est plus assez sécurisé pour que nous y vivions. Vous devez donc sortir de ce bâtiment aujourd'hui et cela doit se faire avant 14h00. Nous avons donc pensé que c'était une blague. Nous étions plus de 90 personnes à vivre dans ce très grand immeuble avec beaucoup d'appartements. Il y avait des gens qui y ont acheté un appartement et qui y vivaient déjà légalement. Mais la police a proposé à ces personnes, qui y vivaient légalement, de les héberger dans des hôtels jusqu'à ce qu’elle leur trouve une maison. Mais pour nous, les demandeurs d'asile là-bas, nous louions mais nous n'avions pas de quittance de la part des propriétaires d'appartements.

 

DROITS HUMAINS FONDAMENTAUX– double standard, dynamique insultante

Ils ont donc décidé de nous emmener dans un gymnase du 3ème arrondissement de Marseille. Nous avons posé des questions sur les possibilités pour nous d'avoir un logement décent à long terme, comme tout le monde, puisque c'était un gymnase, un grand espace ouvert, et non un lieu de vie convenable. Pas de réponse. Un matin, la police est venue et a dit que tout le monde devait sortir dans la rue : « nous n'avons pas de place pour vous ». Ceci était une attitude insultante, qu'est-ce que c'est que ça ? Ils ont dit que le bâtiment n'était pas sécurisé. Nous y étions. Nous étions locataires et maintenant ils disent que nous devrions aller dans la rue. Les rues sont-elles plus sûres qu'un immeuble ? Et puis on s'est dit que c'était trop. Nous nous sommes mobilisés, maintenant nous ne sortirons pas dans la rue. Nous avons un endroit où dormir jusqu'à ce que nous ayons une maison, car la rue n'est pas sécurisée. J'ai donc contacté la personne en charge du gymnase. Je lui ai demandé s'il pouvait m'aider à trouver un contact de journaliste. Il m'a donné un numéro, disant de ne dire à personne qu'il me l'avait donné.

 

ATTENTION MEDIATIQUE – alerter le public, faciliter la construction de la communauté

J'ai contacté le journaliste. J'ai expliqué la situation. J'ai dit que nous avions besoin de son aide immédiate, parce que nous voulions que vous connaissiez notre situation, essayez de placer cette information dans les médias, afin que les gens connaissent notre situation. Le journaliste est venu le matin et nous avons fait une interview avec les gens là-bas, les enfants qui allaient à l'école et quelques dames. Et nous avons également discuté avec une organisation locale appelée El Manba[3] et le Collectif du 5 novembre, tous deux créés par des blancs, des français et d'autres nationalités. Et puis après, on s'est dit qu'on n'irait nulle part. On nous a proposé d'être logés dans des hôtels pendant dix jours. Mais on a refusé, on s'est dit dix jours dans des hôtels et après on va dans la rue ? Alors on s'est dit qu'on préférait rester là dix jours, dans ce gymnase, en espérant enfin avoir un vrai logement sur le long terme. Nous sommes demandeurs d'asile et nous avons droit à un logement en France. Nous sommes tou.tes dans le système.

 

ORGANISATION JURIDIQUE – défendre nos droits, en fonction du système

Nous avons aussi décidé de nous organiser. Nous avons créé un collectif qui s'appelait Collectif du boulevard Dahdah[4]. Et finalement, le SIAO[5] local nous a proposé des hôtels et ils nous ont dit : « ok, vous pouvez rester dans ces hôtels, jusqu'à ce que nous vous trouvions un logement permanent ». Mais nous demandé de signer un document qui montre que les nuits d'hôtel doivent être renouvelées. Ils ont fourni des papiers en français, à propos du fait que nous sommes responsables des personnes qui ont été évacuées de l'immeuble : environ 50 d'entre nous, demandeurs d'asile. Nous avons signé cet accord selon lequel nous devions rester à l'hôtel. Donc jusqu'à ce qu'ils trouvent un endroit pour nous, j'étais très content. Et avec cet accord, nous avons décidé de quitter le gymnase au bout de 5 jours. Nous avons donc été emmenés dans différents hôtels. Nous avons séjourné dans ces hôtels pendant un certain temps. J'ai personnellement vécu dans cet hôtel jusqu'au 7 avril 2021 : plus d'un an et demi.

 

MANIFESTATIONS DE RUE – être visible, dialogue concret avec les autorités locales

Pour renforcer notre position stratégique, nous avons fait de nombreuses manifestations à différents endroits de Marseille : à l'OFII[6] et devant PADA de Marseille[7], mais également à la Préfecture, devant la mairie, devant le SIAO 13. Nous avons également entrepris une négociation entre nous et la Préfecture, avec le concours du Collectif du 5 novembre. Mais la mairie a refusé d'appliquer la charte sur laquelle ils s'étaient mis d'accord au préalable[8], concernant le relogement de toute personne évacuée d'immeubles précaires, afin d’être relogée dans un immeuble plus sûr. Enfin, la Préfecture a accepté de nous prendre en charge pour que nous puissions accéder à un logement convenable, du fait des manifestations. Alors, le Préfet nous a envoyé un représentant. Nous voulions négocier avec eux un logement convenable par nous-mêmes, et non plus dans des hôtels, car fournir un logement aux demandeurs d'asile devrait être la procédure normale, selon les normes internationales. Et pendant ce temps-là, aussi, il y a eu beaucoup de dysfonctionnements dans la plateforme PADA de Marseille : la perte de la lettre de rendez-vous des personnes censées se rendre à leurs entretiens, à l'OFPRA[9] à Paris, ou leur délivrance après la date de rendez-vous. Ils ont perdu la lettre de refus de l'OFPRA, concernant des personnes qui devaient saisir le tribunal de la CNDA[10] dans les 15 jours, ainsi que d'autres types de dysfonctionnements, comme le fait de ne pas avoir d'interprètes pour ceux et celles qui ne parlent pas français (et certains d'entre nous ne sont pas allés à l'école et ils ou elles ne parlent même pas l’anglais).

 

L'AUP – association des usagers de la PADA de Marseille

Alors à cause de tous ces enjeux, et afin de pérenniser l'autonomisation des demandeurs d'asile, nous avons décidé en février 2020 de créer une association qui s'appelle l'AUP, pour lutter contre ces dynamiques dysfonctionnelles à la plateforme PADA. Lors de la première assemblée générale, nous étions 30 demandeurs d'asile (dont des individus du Collectif du boulevard Dahdah et aussi de l'ARGAM que nous avions invités[11]), et nous avons créé le bureau exécutif : le président, le secrétaire et le trésorier, pour que nous puissions être en mesure d'enregistrer notre organisation avec un identifiant administratif officiel. Aujourd'hui, l'AUP regroupe plus de 500 membres (actuels et anciens demandeurs d'asile) de 28 nationalités différentes. Ensuite, il y a eu le confinement correspondant à l'épidémie de Covid, donc c'était très difficile à l'époque. Les membres de l'AUP, avec d'autres militants français et le collectif d'El Manba, ont décidé de mettre en place le Red Market (« le Marché rouge ») : distribution alimentaire et articles d'hygiène, aliments et couches pour bébés ; car il était très difficile pour les demandeurs d'asile qui n'avaient aucun soutien du gouvernement, d’obtenir ces produits, puisque tout était fermé, alors qu'ils ont dû attendre plusieurs mois pour que leur dossier soit instruit. Vous savez, une procédure normale. Et aussi, il y a des demandeurs d'asile qui ne recevaient pas d'argent de l'État, en raison d'un retard dans la procédure au sein de l'administration, en raison des confinements dus au Covid.

 

DISTRIBUTION ALIMENTAIRE – besoins de terrain essentiels

C'est ainsi que nous avons distribué des centaines et des centaines de sacs de nourriture, pendant un mois, tous les mardis et vendredis. Ainsi, chaque semaine, nous avons distribué nos 300 sacs de nourriture, chaque jour de distribution. Nous avons demandé des subventions à la Fondation de France[12], et certains d'entre nous collectaient de la nourriture dans les supermarchés (demandant aux gens, depuis la porte, de nous acheter un peu de nourriture). Cette distribution de nourriture était quelque chose de très, très important pour nous. Vous savez, nous voulions continuer, surtout pour ceux et celles d'entre nous qui n'ont aucune source de revenus. Ils ne travaillent pas et ils ne reçoivent pas d'argent de l'État. Alors j'ai parlé avec les Blancs parmi nous, et ils ont dit qu'ils ne pouvaient pas continuer. C'est beaucoup de travail et ils n'ont programmé cette activité que pour le mois de mars 2020, pendant le premier confinement Covid, et puis c'était fini pour eux. Mais ils ont dit que si nous voulions continuer, nous pouvions utiliser leur bureau pour faire la distribution de nourriture. Et aussi, ils pouvaient nous aider à conduire pour aller chercher de la nourriture ou en acheter, car aucun d'entre nous n'a de permis de conduire français. A ce jour, notre distribution alimentaire se poursuit : chaque samedi, nous distribuons 150 sacs de nourriture pour nos membres qui n'ont aucun soutien financier de l'Etat, ni aucune source de revenus.

 

PAR NOUS ET POUR NOUS – une initiative unique en France

Et tous les mercredis, nous aidons également les Demandeurs d'Asile à écrire leur histoire, à se préparer aux entretiens de l'OFPRA, et de la Cour d'Appel de la CNDA ; nous les aidons également à inscrire leurs enfants à l'école ou à obtenir leur CMU[13], et tout le travail administratif. Aujourd'hui, l'AUP propose 3 services principaux : 1/ la distribution alimentaire du Red Market 2/ l'assistance juridique et administrative 3/ l'accès au logement. Mais pourtant, environ 75% des membres de notre communauté vivent dans des squats, qui sont contrôlés par des marchands de sommeil, avec des loyers très chers, sans parler du manque de sécurité dans ces squats, des problèmes d'hygiène, etc. Donc en 2020, nous avons décidé de squatter notre premier immeuble. Mais à cette époque nous n'avons établi aucune règle. Nous sommes restés là pendant des mois, puis la police a évacué tout le bâtiment. Il n’en reste pas moins que c'était là une occasion d'apprendre beaucoup de ce type d’expérience. Alors on s'est dit, d'accord, maintenant dans le squat suivant, on essaie de très bien s'organiser. Vous savez, c'est la seule solution.

 

CRÉATION D'UN CADAAG - hébergement autogéré, une initiative communautaire de terrain

A la PADA (aujourd'hui appelée SPADA Marseille) ce sont cinq mille huit, cent quatre-vingt-dix-neuf demandeurs d'asile qui y sont inscrits, et seuls 1500 sont hébergés : hébergement provisoire, hébergement d'urgence (115) ; tous les autres doivent trouver une solution par eux-mêmes, et généralement la seule solution est le squat. Les gens squattent parce que c'est la seule solution, puisque l'État ne leur apporte aucun soutien. Puis en juin 2021, des membres de l'AUP, avec l'aide de militants marseillais, ont squatté un immeuble désaffecté du centre-ville au 25 rue Saint Basile (13001), inoccupé depuis 5 ans et propriété de l'EPF[14]. Nous voulions négocier avec le propriétaire de cet immeuble, afin que nous puissions rester temporairement dans cet immeuble de 5 étages, jusqu'à ce qu'il démarre leur projet dans ces locaux. L'ONG appelée JUST[15] nous a aidés dans ce processus, car nous ne savions pas comment démarrer ce projet. Ils ont coordonné le projet et nous avons expliqué à Just que nous avions des problèmes d'électricité et d'eau, qu'ils pourraient nous aider à résoudre. Le propriétaire a été rassuré de voir que nous avons établi des règles intérieures au sein de la communauté, et que nous avons également rénové partiellement le bâtiment (peinture, câbles électriques, etc.), avec l'aide de la Fondation Abbé Pierre[16], qui nous a accordé une subvention de 2 000 euros afin de lancer la phase initiale, et la HAS [17] qui a déboursé 25 000 euros pour la principale sécurisation du bâtiment.

 

CONVENTION LÉGALE D'OCCUPATION – partenaires institutionnels, propriétaires rassurés

Alors le propriétaire a finalement dit qu'il nous était possible de négocier avec eux, par l'intermédiaire de nos partenaires institutionnels locaux. C'est ainsi que nous avons obtenu une convention d'occupation temporaire légale de 9 mois, après 13 mois d'occupation illégale (donc 2 ans au total), avec le soutien de la Préfecture, de la mairie, de trois associations françaises (HAS, Just, Fondation Abbé Pierre). Cette occupation doit se terminer le 31 mars 2023. Aujourd'hui, dans ce bâtiment, nous proposons d'autres services tels que des cours de français, des cours d'informatique, ainsi que des conseils juridiques et administratifs. Nous avons également organisé un théâtre forum sur la vie des habitants de Saint-Basile et les dysfonctionnements de la SPADA, intitulé « Bienvenue en France ! ». Il y a plus de 40 demandeurs d'asile hébergés ici : comme des familles avec enfants, des femmes célibataires, des jeunes hommes. Et il y a sept nationalités : Nigeria, Sierra Leone, Mali, Guinée Conakry, Côte d'Ivoire, Serbie et Monténégro.

 

UNE STRATEGIE GAGNANT-GAGNANT –aider les institutions dans leur travail d’hébergement

Et donc, nous essayons de poursuivre ce projet car il est vital d'offrir un logement temporaire aux demandeurs d'asile à Marseille. Il y a plus de 30 000 immeubles vides à Marseille, et les gens vivent dans la rue. Avec notre stratégie, nous pouvons contacter les propriétaires d'immeubles vides pour qu'ils puissent mettre leur immeuble à notre disposition. On peut donc occuper ces bâtiments et y abriter des demandeurs d'asile, les retirer de la rue mais aussi des squats, qui ne sont pas sécurisés. Et nous voulons continuer ce projet et aussi partager notre expérience avec d'autres demandeurs d'asile de différentes villes, en France. Il y a beaucoup de monde (hommes et femmes politiques, représentant-es d'ONG, militant-es des droits de l'homme, travailleurs sociaux, étudiant-es, chercheurs) qui ont visité ce CADAAG, car c'est le premier logement légal géré par des demandeurs d'asile en France. C'est une solution pour tou-tes : les demandeurs d'asile bien sûr, mais aussi les institutions et les autorités, afin de réduire le flux de migrant-es cherchant un abri dans la rue, en rassurant les propriétaires d'immeubles abandonnés et en travaillant avec des partenaires locaux sérieux et experts, pour un montant très faible, en comparaison de l'argent qu'ils dépensent au niveau national pour un résultat très insuffisant, qui met la vie de ces demandeurs d'asile en danger.



[1] Président fondateur de l’AUP (association des usagers de la PADA de Marseille)

[2] French social services for emergency housing

[3] https://elmanba.noblogs.org/home/

[4] https://collectif5novembre.org/communique-des-deloge-es-du-51-bd-dahdah-du-collectif-el-manba-et-du-collectif-du-5-novembre/

[5] Plateforme nationale pour le logement social : https://www.siao13.fr/

[6] Office français pour l’immigration et l’intégration

[7] Plateforme des demandeurs d’asile

[8] Cette charte précise que même les demandeurs d'asile « occupant de bonne foi », sans aucun contrat légal, pourraient néanmoins justifier de leur location par deux documents attestant de leur adresse de résidence (facture de téléphone, contrat d'électricité, etc.) : https://charte.collectif5novembre.org/wp-content/uploads/2021/10/CharteActualise2021.pdf

[9] Office français de protection des réfugiés-es et des apatrides

[10] Cours national du droit d’asile                                           

[11] Association des guinéen-nes Conakry de Marseille.

[12] https://www.fondationdefrance.org/fr/

[13] Sécurité sociale pour les sans papiers.

[14] Etablissement Public Foncier – PACA: https://www.ecologie.gouv.fr/etablissements-publics-fonciers-epf

[15] https://just.earth/

[16] https://www.fondation-abbe-pierre.fr/

[17] Habitat Alternatif Social: https://www.has.asso.fr/

Wissem
Syrien à Marseille




Pourquoi t'engages-tu ?

Les droits LGBT+ ne peuvent être séparés des droits humains universels, de l'égalité et de la reconnaissance des libertés. L'homosexualité n'est pas la bienvenue dans les [dits] pays arabes, et ils n'acceptent même pas l'idée d'une communauté gay. Bien sûr, nous parlons ici de la majorité en général.

Mon message est que personne n'est obligé d'accepter ou de soutenir la communauté LGBT+, mais il est obligé de respecter et de ne déranger personne issu-es de la communauté LGBT+, parce que c'est l'un de nos droits.

Je vais vous parler maintenant de mon expérience personnelle et des expériences d'autres personnes, car je suis resté en contact avec la communauté LGBT+, depuis que j’ai quitté la Turquie.

 

Syrie:

Un rejet total de la société et souvent dû à plusieurs raisons, notamment [le dogme] religieux, les coutumes, les traditions et la stigmatisation sociale. Ils continueront à poursuivre la personne et à la médire.

Cet état de fait entraînera une privation de droits - une privation d'éducation - un licenciement - des brimades - du racisme et une éventuelle privation de services médicaux - et même un accès possible à un examen anal et des menaces de mort.

À un moment donné, ISIS tuait des homosexuel-les de sang-froid, et c'était légal, en les jetant du haut d’un grand immeuble. Une chose vraiment douloureuse.

 

Turquie :

Pendant 4 ans, j'ai vécu deux des conditions les plus difficiles. Les gens étaient terrifié-es au sein de la communauté LGBT+. Tout le monde avait l'habitude de s'imaginer dans ce genre de situation, parce que ces choses se produisent et si elles arrivent avec à d’autres personnes que nous alors elles pouvaient nous arriver aussi.

Wissam : plombier & fleur. Wissam a été kidnappé et torturé, et après un certain temps, son corps a été retrouvé. Une fleur a été tuée chez elle, dans un immeuble majoritairement [habité] par des personnes LGBT+.

Notre passage en Turquie n'était qu'un moment de transit, et toutes les personnes LGBT+ ont essayé de s’en sortir face à cette situation. La vie en Turquie était difficile ; on travaillait 12 heures, avec une pause de 45 minutes. Nous étions des machines, dont ils étaient les propriétaires, et le salaire était inférieur à celui des l'employé-es turcs.

 

France :

C'est vrai que je suis en Europe, mais le sentiment [de satisfaction] me manque pour de nombreuses raisons, dont les problèmes que l'on rencontre et que l’on voit. On ne trouve personne pour nous aider, car les associations ou les institutions reçoivent des nationalités spécifiques. Le racisme et le déni sont partout.

Je suis en Europe et je suis confronté aux discriminations concernant mon homosexualité, et pas seulement moi, même chez les autres [c’est pareil]. Mon ami a été exposé à un problème dans son quartier concernant son homosexualité. Il a été agressé par plusieurs personnes qui se sont armées en sortant d’un magasin ; un deuxième [agresseur] a pris une batte de baseball depuis un deuxième magasin.

Mon ami a été blessé et il est allé à l'hôpital, puis à la police. Nous n’avons obtenu aucun droit. Au contraire, l'agresseur est actuellement là, à marcher devant ses yeux tous les jours, et rien ne s'est passé.

Cela s’est produit avec six personnes LGBT+, dans le même quartier. Je voudrais changer le fait que cet incident ne doit pas être à l’avantage de l'agresseur. La peur, l'anxiété et les problèmes psychologiques sont nés : peur et anxiété d’être à nouveau exposé comme appartenant à la communauté LGBTQ+. Et c'est lui qui a obtenu gain de cause auprès de la police, après avoir agressé ses victimes.

Le sujet est long, et je dis juste ceci. Parce que je ne peux m'empêcher de le mentionner et de raconter ces histoires. Il est possible que quelqu'un change cet état de fait, ou nous aide afin que nous puissions ensemble œuvrer ensemble à la modification de cet état de fait.

Nous devons nous soutenir mutuellement, face à tous ces problèmes liés aux questions LGBT+.

 

La communauté LGBT+ syrienne :

Mawaleh Magazine :

En 2013, un certain nombre de gays et lesbiennes syrien-nes en Turquie ont publié le magazine "Mawaleh" ; le premier magazine en ligne consacré aux questions LGBT+ de Syrie.

L'éditorial du numéro zéro a déclaré : "Ce magazine s'adresse à nous en premier. Ce dont nous avons le droit de profiter comme n'importe quel membre de la société. Mawaleh est un magazine sur l'homosexualité en Syrie, loin des tendances politiques. Sa première et dernière préoccupation est les droits des LGBT+ en Syrie. Le magazine a continué à être publié de manière irrégulière jusqu'en 2016.

 

Radio LGBT :

« Je suis gay et je veux vivre dans le respect et la dignité - je suis comme vous ». Par ces mots, cette radio a annoncé le lancement de ses programmes à l'occasion de la Journée internationale de l'homophobie, le 17 mai 2013, en tant que première radio arabe spécialisée dans les problèmes des LGBT+. Cette radio a cessé d'émettre en raison de l'émigration de la plupart de ses fondateurs. Elle traitait des préoccupations en lien avec la sécurité, vis-à-vis des exigences de la vie à Istanbul, a présenté un certain nombre d'émissions de sensibilisation à la santé et concernant les droits individuels.

 

Forum Tea and Storytelling :

Le premier forum syrien LGBT+ à Istanbul, qui a débuté en février 2015 sous la forme d'une réunion hebdomadaire, pour discuter de questions liées aux personnes LGBT+ et pour échanger des expériences de vie en Turquie. Ce moment s’est transformé, grâce aux efforts de bénévoles pour fournir des services et des cours d'autonomisation en anglais et en turc, et il est passé d'une réunion régulière à un espace sûr et un réseau de soutien aux Syriens LGBT+. Et cela continue à ce jour.

Ses membres ont atteint près de 700 affiliés, répartis dans le monde entier, après la deuxième vague d'asile en raison de la baisse des libertés en général en Turquie, les restrictions imposées aux Syrien-nes, et l'acceptation du programme de réinstallation du Haut Commissariat aux Réfugiés pour les dossiers des personnes LGBT+.

 

La communauté LGBT+ syrienne :

Mawaleh Magazine :

En 2013, un certain nombre de gays et lesbiennes syrien-nes en Turquie ont publié le magazine "Mawaleh" ; le premier magazine en ligne consacré aux questions LGBT+ de Syrie.

L'éditorial du numéro zéro a déclaré : "Ce magazine s'adresse à nous en premier. Ce dont nous avons le droit de profiter comme n'importe quel membre de la société. Mawaleh est un magazine sur l'homosexualité en Syrie, loin des tendances politiques. Sa première et dernière préoccupation est les droits des LGBT+ en Syrie. Le magazine a continué à être publié de manière irrégulière jusqu'en 2016.

Radio LGBT :

« Je suis gay et je veux vivre dans le respect et la dignité - je suis comme vous ». Par ces mots, cette radio a annoncé le lancement de ses programmes à l'occasion de la Journée internationale de l'homophobie, le 17 mai 2013, en tant que première radio arabe spécialisée dans les problèmes des LGBT+. Cette radio a cessé d'émettre en raison de l'émigration de la plupart de ses fondateurs. Elle traitait des préoccupations en lien avec la sécurité, vis-à-vis des exigences de la vie à Istanbul, a présenté un certain nombre d'émissions de sensibilisation à la santé et concernant les droits individuels.

Forum Tea and Storytelling :

Le premier forum syrien LGBT+ à Istanbul, qui a débuté en février 2015 sous la forme d'une réunion hebdomadaire, pour discuter de questions liées aux personnes LGBT+ et pour échanger des expériences de vie en Turquie. Ce moment s’est transformé, grâce aux efforts de bénévoles pour fournir des services et des cours d'autonomisation en anglais et en turc, et il est passé d'une réunion régulière à un espace sûr et un réseau de soutien aux Syriens LGBT+. Et cela continue à ce jour.

Ses membres ont atteint près de 700 affiliés, répartis dans le monde entier, après la deuxième vague d'asile en raison de la baisse des libertés en général en Turquie, les restrictions imposées aux Syrien-nes, et l'acceptation du programme de réinstallation du Haut Commissariat aux Réfugiés pour les dossiers des personnes LGBT+.

Mhamed Salouta
Syrien d'Arabie Saoudite à Marseille


Mon arrestation en Arabie Saoudite

Je me nomme Mhamad SALOUTA et je suis né le 06/11/1985 en Arabie Saoudite dans la région de EL Kassim. Je suis de nationalité syrienne, d’origine arabe, musulmane, sunnite.

Le 6.12.2014, j'ai rencontré un jeune homme sur un site de rencontre gay. Je suis allé le rencontrer. Alors, j'ai découvert que cette rencontre entre nous n'était qu'un piège de la police religieuse saoudienne.

Une fois sur place, la police religieuse m'a emmené au poste de police où j'ai été emprisonnée pendant un mois. Après que la période de détention fut terminée, un juge des libertés l’a prolongée de deux mois. En plus, ma condamnation à 60 coups de fouet avait été qualifiée de punition. Après 12 mois, j’ai été libéré par grâce royale.

Lorsque ma famille a appris l’histoire, j’ai été victime de harcèlement, en particulier de la part de mes frères qui m’ont rejeté et ont exprimé leur réticence à communiquer avec moi. Bien qu’à l’intérieur de la prison, le harcèlement était plus grave encore, car j’étais une cible facile pour tout le monde. D’un côté, les geôliers me maudissaient, et les prisonniers me maltraitaient du fait de mon orientation sexuelle/ Ils n’ont pas cessé de me terroriser.

 

Mon expulsion vers la Turquie

Cette affaire a duré toute une année, et après la fin de la peine de prison, j’ai été déportée en Turquie, au motif que mon pays d’origine, la Syrie, était en état de guerre et qu’ils n’avaient pas le droit de m’y expulser.

Cependant, la situation en Turquie n’a jamais été bien meilleure que celle de l’Arabie Saoudite. J’ai eu beaucoup de difficultés, principalement du fait de l’homophobie affichée de la part de la grande majorité de la population. De ce fait, je n’ai pas pu m’intégrer, ni apprendre la langue du pays. Chaque fois que je voulais construire de nouvelles relations, je me retrouvais à nouveau en face des gens qui me rejettent à cause de mon orientation sexuelle.

J’ai fini par comprendre que je n’avais plus qu’une seule option : faire une demande d'asile en tant qu'homosexuel, par l'intermédiaire du Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés. J'ai donc formulé ma demande et ai préparé mon dossier, qui a été accepté, et la Croatie a été choisie comme pays d'accueil.

 

Mon incapacité à m’intégrer en Croatie

J'aimerais souligner que j'étais le seul demandeur d'asile d’origine syrienne qui avait été envoyé en Croatie. L'organisation responsable d'examiner les dossiers de migrants m'a trompée en affirmant que le peuple croate accepte les homosexuels, que ce pays va me protéger et défendre mes droits. Mais en réalité, le terrain était contraire aux promesses.

Ni le peuple croate ni le gouvernement n'ont fait attention à ma sécurité ou à mes libertés personnelles. Pendant mon séjour dans ce pays, je n'ai vu aucune ouverture à l'homosexualité ou pour la guerre en Syrie. J’ai appris par la suite que je fus le premier et le dernier gay syrien à avoir été accueillit par la Croatie. De manière générale, ils n’avaient pas d’expérience dans l’accueil des réfugiés. Par exemple, étant malade, j’ai du attendre que mon assistante sociale contacte le cabinet médical qui refusait de me soigner, car ils ne savaient pas que mes soins étaient pris en charge par le gouvernement.

Financièrement c’était très dur, ils ne m’aidaient qu’avec un per diem 100 euros par mois, et un sac de provisions une fois tous les deux mois. Ils ne m’ont proposé que des petits boulots, où bien entendu la maitrise du croate était requise. Mais ils ne m’ont fourni aucun cours de langue, à part une seule session à propos de la prononciation de leur alphabet. Ce n’est pas le cas à Marseille, où je suis des cours de français afin de mieux m’intégrer.

Ensuite, des gens qui résident dans ce pays m’ont fortement conseillé de cacher la vérité sur ma sexualité en Croatie. En effet, pendant mon séjour, j’ai entendu beaucoup d’histoires de violence contre les réfugiés en Croatie, juste parce qu’ils parlaient arabe, sans parler de l’homophobie dans ce pays. J’avais donc très peur pour ma sécurité, je ne sortais donc jamais de chez moi, sauf pour m’approvisionner en nourriture ; ce n’est pas le cas à Marseille, où j’ai une vie sociale et des activités associatives sécurisantes et épanouissantes.

A ce jour, près de 80% des familles syriennes, qui étaient avec moi en arrivant dans l’avion, avec qui j’ai gardé contact aujourd’hui encore, ont également quitté la Croatie pour ces mêmes raisons, afin de rejoindre leur amis ou leur famille, principalement pour l’Allemagne.

 

Mon rejet par L’OFPRA

En avril 2019, je suis arrivé en France en bus depuis la Croatie. J’ai été logé chez mon ami Wesam, que j’avais connu en Turquie et qui venait de recevoir son autorisation de séjour en tant que réfugié par l’OFPRA. A ce moment-là, plus qu’auparavant, je suis réellement tombé amoureux de la France. J’ai décidé d’aller à Strasbourg : une plus petite, où le système est moins congestionné par les demandes d’asiles, contrairement à Marseille. Là aussi, j’ai logé chez des amis gays syriens que j’avais également rencontrés en Turquie.

A Strasbourg, j’ai consulté la PADA. Ils m’ont aidé à rédigé mon récit, ainsi qu’à débloquer mes droits en matières de couverture santé. Ils ont fait suivre mon dossier à l’OFPRA. La Préfecture de Strasbourg a constitué mon dossier, pris mes empreintes ; ils ont également demandé l’autorisation à la Croatie de casser mon statut lié à la convention de Dublin, ce qui fut autorisé. J’ai donc pu déposer une nouvelle demande d’asile sur le sol européen, depuis Strasbourg.

J’ai obtenu mon ADA, mon récépissé de demandeur d’asile. Mais la Covid a lourdement retardé les échéances ; je n’ai été convoqué à l’OFPRA, pour mon entretien individuel, qu’après un an et sept mois : fin 2020. Lors de l’entretien, ils prirent mes deux passeports : syrien et croate. Quinze jours plus tard, j’ai reçu mes documents d’identité par la poste, ainsi qu’une décision de rejet de ma demande d’asile en France, au motif que j’avais déjà reçu l’asile de la part de la Croatie. J’ai déposé mon recours début 2021.

 

Mon recours auprès de la CNDA

Lors de mon entretien à la CNDA, je n'ai pas eu l'occasion de parler car l'interprète m`a dit : « Ici ce n'est pas comme à l'OFPRA, il n'est pas conseillé de parler sans qu'on vous le demande explicitement ». Ce à quoi le juge a ajouté : « vous pouvez maintenant vous exprimer, ne dites pas que nous ne vous avons pas entendu. Mais sachez dès à présent que nous n’accepterons pas votre demande d’asile, quoiqu’il en soit ».

Tout au long de l'audience, je n'ai même pas pu expliquer pourquoi j'ai quitté mon pays. Au final, j'ai découvert que le traducteur ne m'avait pas transmis toute la vérité et n'avait pas expliqué au juge les raisons concrètes qui m'avaient conduit à quitter la Croatie.

De plus, j'avais très peur et n'osais pas répondre aux questions du juge. Autour de moi, d'autres personnes m’nt fait état de la même problématique. C'est pourquoi je n'ai pas argumenté ma demande ni défendu mes propos. C’est, je le pense, les raisons principales du rejet de mon recours concernant ma demande d’asile. Mon deuxième recours, auprès de la CNDA cette fois-ci, fut rejeté en mars 2022, accompagné d’un OQTF.

 

Mon désir ardent de m’intégrer à la société française

Ainsi, pour toutes les raisons sus mentionnées, j’avais pris la décision de quitter la Turquie, puis la Croatie, et de venir en France, le pays où j’avais longtemps rêvé de vivre. L’une des raisons de ce choix est que c’est un pays connu pour son amour de la liberté, pour son respect des libertés individuelles et de l’égalité entre tous. Après avoir été expulsé du foyer où on m’avait logé, j’ai donc décidé de revenir chez mes amis à Marseille.

Il convient de rajouter que dès le départ, je voulais venir en France, mais le comité chargé de trier les dossiers de réfugiés n’a pas tenu compte de mon souhait et m’a envoyé en Croatie. Pourtant, j’avais même mentionné que je voulais venir en France du fait que ma mère est professeur de français, ce qui aurait grandement facilité mon apprentissage de la langue de mon pays d’accueil. Je suis venu en France pour la justice et la protection.






Brian
Kenyan à Marseille

Je viens du Kenya, près de Nairobi.

Que faisais-tu là-bas?

J’étudiais. J’étais un étudiant.

Le dernier niveau est le deuxième niveau. Nous avons un système, un système éducatif au Kenya. C'est le deuxième niveau de ce système. D'accord. Oui. Avant l'université. Non. Je ne suis pas allé à l'université. Je viens de finir mon téléphone. Je viens de finir mon téléphone. D'accord. D'accord.

Et faisais-tu partie d’une communauté là-bas?

Quelle communauté? La communauté LGBT?

Exactement?

Oui, Je fais partie de la communauté LGBT.

Là-bas aussi connaissais-tu des personnes qui en faisaient partie

Oui, je connaissais plus de personnes, oui, ou une partie de cette communauté. L’organisation LGBT appelée GALCK. Parfois je participais et parfois non, pas tout le temps.

D’accord, mais c’était un secret, évidemment, parce que c’était un problème vis-à-vis de la loi, j’imagine?

Évidemment, on doit garder cela secret.

Et qu’est-ce qui t’a décidé de venir ici?

J’ai décidé de venir en Europe en 2019, quand j’ai eu mon certificat du secondaire kenyan.

Je n'avais pas le droit de rester avec mes parents. Mes parents allaient me renier alors je me suis enfui de la maison. J'ai été, ensuite, attaqué par deux villageois. Et puis je me suis enfui. Je me suis enfui pour sauver  ma vie, parce qu'ils voulaient que je sois arrêté. Puis après cela après, je devais refaire ma vie.

Donc, tu t’es enfui de ta maison.

Je me suis enfui de chez moi. J'ai rencontré un gars qui m'a aidé à trouver un emploi et ensuite j'ai déménagé. J'ai rencontré un gars. J’ai déménagé chez ce gars. J'ai fait un bout de chemin à l'intérieur du pays avec ce gars. Il m'a aidé. Et puis nous sommes restés dans un autre endroit, encore trois jours. On était quatre. Nous étions comme une famille jusqu'à ce qu'ils s’en prennent à moi aussi. Je devais donc quitter mon pays et venir ici.

D'accord. Et est-ce que tu as eu un avocat pour t'aider à déménager ?

Tu sais, il faut faire ça en secret. C'est de la folie en ce moment. J'avais un avocat, mais au Kenya, tout était compliqué. C'est une affaire secrète. Je n'ai pas de famille mais j'ai pris un messie comme personne à mes côtés. D'accord, c'est à toi de voir, excellent.

Alors quand est-ce que tu les as arrivés à Marseille quand tu as eu l'autorisation de le faire ? Et alors ? Il faut mentir. J'ai commandé mon vol le 23 juillet. 23et non 20 21 2013 11 comme ça, cela fait un an et demi en France en ce moment.

D'accord. As-tu eu un entretien avec le gouvernement ?

Exactement, j’ai fait une demande d’asile. J'ai été rejeté la première fois. J’ai été rejeté une deuxième fois également. J'attends la décision de la cour de justice.

Ok. Et quand tu es arrivée à Marseille, tu connaissais quelqu'un ?

Non, je ne connaissais personne. Tu vois, tu viens d'arriver. On était trois. Nous sommes allés sur le quai après le quai. On vous a donné une adresse, vous n'avez qu'à vous y rendre ici. Ils vous aideront. Vous irez là-bas après cela. L'endroit est un processus. Tu ne peux pas remplacer l'association, comme, l'association.

Et qu'est-ce que tu aimes à Marseille ?

Incroyable. En ce moment, ce que j'aime, c'est m'intégrer au sein de la communauté, pour faire partie de la communauté. J'aime les activités de l'association que nous organisons, comme la danse. Tout a été créé comme la Marche des fiertés. C'est donc clair pour moi, j'aime ces choses-là.

Excellent. Espérons que tout ira pour le mieux. Merci beaucoup pour tout à l'heure. Merci aussi pour votre temps.

 

English

I come from Kenya, nearby Nairobi. Okay, so what were you doing when you were there? I was learning. I was a student. The last level is than second level. Before University.

And then you are part of the community there. 

Which coin Community, the LGBT community. Exactly. Okay. I am among the LGBT people. There also, you knew people who were part of the community. I knew more people. Yes. Or the part of the community. Okay. And did you know? So the organization called Gunk, I know there was an organization called calc, okay? This and you were taking part of the activity sometimes or not never. It was sometimes it was part, which them sometimes, but not all the time, okay? But it was a secret, of course, okay. Because it was a problem regarding to the law, I guess, 80? Of course, we have to do it secretly, okay? And then what happened for you to come here to decide to come to to Europe when I was at active in the year, 2019, when I My Kenya certificate of primary or secondary location. This is the day. I was. 

I was not allowed to stay with my parents. My parents are gonna disown me then I ran away from the home. When I was attacked by two Villages, The Coop of young men like me. And, and the society, the society will not allow me to State a and then I ran away because I ran for my for my life because they wanted me to be arrested. Then after that afterwards, I have to look for my life. So, you run away for you in your home. Time to nail be. I ran away from my home from. It's not from Nairobi. It was a step. I don't from your hometown from my home where I was where I was sitting to To Kappa Korea. It's not direct. I did not collect Nairobi Kenya. I met a guy who assisted me in a job and then I relocate for cutting really to Eldridge at Eldora time. I met a guy from, I made a way inside this guy, he assisted me. I appreciate his career. And then we stayed in a place like a come with another three days. You have fourthly. We are four of us. We state are like a family until the time he looks for me, too. To until the time you do for my paperwork smell like I have to relocate for my country to come. Here we go. Okay. And did you have a lawyer to help you to relocate? You know, it's ask Secrets. It's is you see crazy in this thing right now. I was having a lawyer but as Kenya tear, everything was in everything that we are doing. It is a secret matter, even me I did not allowed To see my lawyer in my hand, but I knew I have a Told me that everything I work with a lawyer because we walk through phones and sometimes they have to regulate our phones even even this guy from the Italy he has to take my phone. I was there I was left even in Canyon Lake. I don't have a family but I took a messiah as a person in my side. Okay, it's up to you, excellent. So when did you arrive them to Marseille when you got the authorization to do? So? It must lie. I ordered my My flight on 23rd of July. Twenty twenty three twenty Twenty-One no no 20 21 2013 11 way it's a year and a half in France right now. Okay. It's and did you have your interview with of Parts Island governmental office? Exactly. I seek my Asylum, but it is not winter the way I just, I wanted it. I was rejected on the first time wonderful. I want a second time to I was rejected on the second time right now. Bringing the last, the last part of the examine. If we jump, the law is assisting me to examine. I'm waiting for the and the same day, the court of justice. I went for the court of justice and mercy, and then I'm waiting for the answer later. Okay. And when you arrive in Marseilles, did you know anyone? Mostly. No, I did not know anyone must. See, you just came. We see the genus, three to rejoin. We went to the platform after platform. You have been given and address just go there. They will assist you. You will go there after that. Place is a process. You cannot replace the association, like, the association. Do you tell you, like, for the first time? And I, when I came to the glovephone, they give me a dress for Island. Then I came to re-litigate today, The my LGBT migraine is so good. So good. Excellent. And what do you like in Marseille? Amazing. Right now, what I like is To integrate with the community to be part of the community. I like Association activities that we take like dancing activity. It was all create like Marcel Pride something. So so clear to me I like those things. Excellent. So let's hope for the best. Thank you so much later. Thank you also for your time, maybe now we can stop it. To do it.





Tony
Kenyan à Marseille

D'accord, alors peux-tu me dire ton nom, ton âge ? Et d'où viens-tu ?

Je m'appelle Tony et je viens du Kenya. J'ai 22 ans.

Peux-tu me dire pourquoi tu viens du Kenya ?

Je viens [d’une petite ville] au Kenya.

Et que faisais-tu au Kenya ? Quand tu étais là-bas ?

Avant de venir ici, j'étais un agent de sécurité.

D'accord ? Et puis tu as décidé de quitter ton pays. Pourquoi ?

J'ai décidé de quitter mon pays depuis que j'avais 10 ans. J'étais là-bas, je faisais partie d'une association LGBT+ au Kenya. Elles ne sont pas autorisées là-bas alors j'ai décidé de partir.

D'accord. Sinon, tu aurais été emprisonné ?

Oui. Emprisonnée durant 14 ans, ou emprisonnement à vie et vous ne pouvez pas savoir si vous sortirez un jour.

Alors tu as décidé de partir, quelle a été la première étape de ton départ ? Quand tu t'es enfui ? Où es-tu allé ?

J'étais là, j'ai décidé de rencontrer certains de mes amis là-bas et d'autres encore. Mon collègue était membre de l'association GALCK au Kenya, qui est une association pour les personnes LGBT+, la famille LGBTQ. Alors ils ont décidé de chercher un moyen pour moi de quitter Nairobi.

Comment as-tu fait ton coming-out dans le pays ?

Je ne sais pas.

J'étais avec mon avocat qui organisait mes démarches administratives.

D'accord. Et la police ne t'a pas trouvé. Pourquoi ?

Non. Non. Ils ne m'ont pas trouvé.

D'accord. Alors comment as-tu quitté le pays en avion ? Quand ?

Le 20 octobre de l'année dernière. Je suis arrivé le 21 à Marseille. Oui, dans le désordre, tout droit, tout droit depuis le Kenya. D'accord.

D'accord. As-tu eu un visa ?

Oui. Oui, j'ai un visa Schengen à travers l'organisation.

Et quand tu es arrivé ici, as-tu fait connaissance avec des gens comme toi qui venaient d'Afrique et qui étaient LGBT+ ?

Non, je n'ai rien trouvé.

Alors, que s'est-il passé quand tu es arrivé ici ?

Je suis resté quelques jours. Ensuite, je me suis associée à des gens, des connaissances.

Et où as-tu dormi ?

À ce moment-là ? Je dormais. Je suis restée dehors à dormir. J'ai dormi dans la rue pendant peut-être quatre jours.

Ils t'ont donné une chambre où tu as consommé de la drogue avec d'autres personnes. Combien de temps y aies-tu resté ?

Presque deux mois.

D'accord. Et ensuite, que s'est-il passé ?

Alors après j'ai décidé de partir, parce que les gens aiment la violence. Et pour moi, je n'aime pas la violence il y avait trop de violence et de drogue je suppose. Oui. Et pour moi, je ne consomme pas ces choses-là.

Alors quand tu es parti, où es-tu allé ?

J'ai vécu dans la rue et j'ai retrouvé mon ami qui m'a donné un coup de pouce deux semaines, un logement. Ensuite, j'ai trouvé Ludovic qui m'a aidé ainsi que Musa. Je remercie beaucoup ces personnes, pour le logement et la nourriture.

Comment tu as fait pour avoir de la nourriture, des soins de santé pour moi ?

J'ai utilisé l'appartement de ma sœur ici. J'aurais aimé avoir l'habitude de cet endroit, alors parfois je dis sincèrement qu’ils m’ont donné de la nourriture gratuite le soir parce qu'il avait la place de la sœur. Il n'y a pas de nourriture le soir.

Et quel est ton projet maintenant et quels sont tes principaux problèmes ? Qu'est-ce que tu dirais ?

Je dirais simplement que je suis plus enclin à regarder vers l'avant et à trouver des solutions positives. Je cherche différents moyens d'obtenir mes papiers, puis après avoir obtenu mes papiers, je vivrai une bonne vie. J’aime Marseille. Oui. Parce que c'est un endroit agréable. Les gens sont gentils.

C'est un bon endroit et tu penses qu'après avoir obtenu tes papiers, tu vas rester ici. Peut-être que tu as des projets ailleurs en Europe.

Non, en fait je ne sais pas. N'importe où en Europe, donc je vais devoir rester ici plus facilement.

 

English

Okay, so could you tell me your name your age? And why are you coming from? My name is Tony captivity I come from Kenya. I'm 22 years old. Could you tell me why you coming from in Kenya? I'm coming from Elder it and City's narrow be okay. And what were you doing in Kenya? When you were there, I was before I came here, I was a security personnel. Okay? And then you decided to leave your country. Why? I decided to leave my country since I would Scott that club and I was 10. I was there, I was part of and lgbtq and in Kenya. They are not required there so I decided to skip, okay. Otherwise you would have been jailed. Yeah. Jail for 14 years old. Life imprisonment and you may not know even if you will come out as life if that prison alive. Yeah. I like, okay, so you decided to leave what was the first step for you to leave? When you run away? Where did you go? I was there, I decided to meet some of my friends there and some more. My colleague was a member of GALCK Association at Kenya, which there is a that place here is Association for LGBT lb, lgbtq family. Then they decided to look for a way for me to comment in Nairobi. Yeah, and ham. How did you come out from the country? I don't know. I was with my lawyer who was organizing or my paper works. Okay. And the police didn't find you. Why? No. No. They didn't find me. Okay. So how did you leave the country through a plane? When a to a 20th of October 20, 22 20th of October 20, 22 last year and arrived. The 21 in Marseille. Yeah, messy, straight forward, straight forward from Kenya. Okay. Okay. Did you have a Visa? Yeah. Yes, I have a divisive Schengen visa Schengen visa through the organizationally. And when you arrived here, did you get to know people like you coming from Africa being LGBT? No, I didn't find anything. So, what happened when you arrived here? When I arrived here, I found a, I stayed some days. Then I I associate to people so I learned through some Mother people. And where did you sleep? At that time? I was sleeping. I stayed outside asleep. Slept on the street for maybe four days. Then I called one on five. I lived in my drug. Not. Hi. They gave you a room that ya dope with other people. For how long I stayed there? Almost two months. Okay. And then what happened? So after that I decided because the people You'll like the violence. And for me, I Do not like violence he was too much violence and drugs I guess. Yeah. And for me I don't use those things. So when you left where did you go? I left a slip again in the streets. 

And, I lived in the streets and I found my friend and give me a thumb two weeks, accommodation. Then I find Ludovic column who assisted me and Musa from gold me. Oh yeah! Okay. I thank those people very much come and for the food, how did you manage to have food, health care for me? I used that sister sister's place here. I wish I was used to that place, then sometimes I say sincerely. Yeah there are giving out free foods at night because he had sister's place. There's no food at evening, okay? Okay. And what are you project now and you main issues? What would you say? Just say I'm better looking forward for positive way for. I'm looking at different ways to get my papers then after I get my papers, I live a good life. Yes. And so far the of paw rejected your phone. So now you are looking for another phone appear on a Pina, okay, and a lawyer is helping you. So for that, Yes. A ripping through the group of documents. Yeah. Excellent. And I don't know. Do you like my say? Yes, look, I like messy. Yeah. Because for it's a nice place. People love each other, but yeah. It's good place and you think after you get your papers you're going to stay here. Maybe you have projects elsewhere in Europe. No, actually I don't know. Any place in Europe, so I'll just have to stay here easier. Okay, thank you. Welcome.



Denis
Kenyan à Marseille

Peux-tu me dire ton nom, ton âge et d'où tu viens ?

D'accord, je m'appelle Liz. Je viens du Kenya. Et j'ai 25 ans.

D'accord, merci. Où es-tu arrivé au Kenya ?

Je suis arrivé le 23. Le 20 octobre, le 22.

Qu'est-ce que tu faisais au Kenya ?

Ok, j'étais, je travaillais comme agent de sécurité dans un magasin et parfois dans un restaurant.

Faisais-tu partie de la communauté ?

Oui. Je faisais partie de la communauté avant que je ne vienne.

Etait-ce dangereux de faire partie de la communauté là-bas ?

C'était très dangereux. C'est pourquoi j'ai pris l'initiative de venir demander l'asile en France, où l'on peut être stable et avoir l'esprit tranquille.

Et quand la loi a-t-elle changé en ce qui concerne les droits des LGBT ?

Je sais que la loi n'est pas encore entrée en vigueur. Mais depuis que la loi est ainsi, elle n'a pas changé. Ça a été comme ça toute ma vie. C'est bon, parce que j'ai été dans la conférence qu'on avait, c'était trop cool. Dans la confidence ça allait mais en secret ça n’allait pas. La loi n'a pas changé. Donc il y a une tolérance, mais ils ne nous laissent quand même pas être visible totalement. Ce n'est pas accepté.

Alors, il s'est passé quelque chose ou tu as décidé de quitter le Kenya ?

Oui, il s'est passé quelque chose. Je me suis retrouvé dans une certaine situation, c'est pourquoi j'ai décidé de quitter le Kenya. J’étais dans un club ou dans un bar, un club où je travaillais. Donc, c'était les vacances où j'étais avec mes amis, mais on s'est battu et on s’est fait arrêter par la police. Donc c'était dangereux.

Et est-ce qu'ils t'ont mis en prison ou pas ?

Oui, on a fait de la prison pendant deux ou trois jours avant que mon avocat ne me fasse sortir. Et me donner une alternative pour chercher à s'enfuir parce que la situation est dangereuse et je risquais 14 ans de prison.

Alors une organisation t'a aidé ?

Ouais, mon avocat de l'organisation. Alors ils m’ont aidé à sortir et pour l’obtention d’un Visa. Je suis allé au bureau des visas, j'ai pris mon passeport. Ils m’ont emmené à l'aéroport. Ils m’ont dit que je serais en sécurité.

Et quand tu es arrivé ici, est-ce que tu connaissais Tony ?

J'ai connu Tony par l'intermédiaire de l'association. C'est pour ça qu'on est tous les deux.

Comment as-tu pris connaissance de l'organisation, du groupe de Moussa ?

Deux gars avaient l'habitude d’y dormir alors ils ont parlé avec quelques amis Nigérians. Ils ont dit qu’ils étaient membres de l'organisation. Ils m'ont dit, je vais t'emmener voir une certaine organisation et ils vont t'aider. Ils m'ont présenté à Moussa et ils ont dit que c'était un peu petit.

Ok, et combien de temps es-tu restée ?

Je suis resté un mois.

Quel mois ? Et qu'est-ce qui s'est passé ce mois-là ?

Quand j'ai essayé d'appeler le numéro, ils n'ont pas décroché. J'ai donc dormi dehors pendant un certain temps à nouveau, et obtenu un hébergement pour 15 jours. Quand ça s’est terminé, j’étais dehors, dans la rue, dans la rue.

D'accord, donc nous sommes dans la rue. Est-ce que tu as dormi à st Charles ?

Oui. Le problème était au début pour la nourriture, quia rapidement causé un problème, parce que je parlais pas la même langue.

Et tu aimes Marseille?

Oui, je vois, c'est une bonne Ville, jusqu'à présent.

Qu'est-ce que tu aimes à Marseille ?

Quand on est seul, c'est incroyable qu'ils vous envoient à Marseille. Vous ne connaissez personne. Alors ils t'envoient littéralement à la rue. Ils vous envoient à l'État. Ils te disent, c'est mieux que tu ailles à ce truc-là.

 

English

So could you tell me your name, your age and where you coming from? Okay, my name is Liz. Come on. Go go. I'm from Kenya. And I'm 25 years old. Okay, thanks. Where did you come in Kenya? They came in sales and 23rd. October 20, 22 from which city from late. Obesity, Nairobi Nairobi serious. What were you doing that? Okay, I was, I worked as a security guard at a store that The restaurant is sometimes known top is okay and you were part of the community. Also? Yeah. It was part of the community before I came to myself and was it dangerous to be part of the community there? It was very dangerous. That's why I took the initiative to come and seek asylum in France. Where can be stable and have peace of mind? Yes. Yes. And when did the load change about LGBT rights? That know the law has not yet. Kicked. But since the law has been that way it has not changed. Its has been like this my entire life is okay, because I've been under conference that we had it was so cool. Yeah. According to the confidence is cool but in secret it's not the law has not changed. Yes. Yes. So there's tolerance but Yeah, they still let us but to a certain amount. Yeah, yeah, it's not that it's not approval. So then you something happen or you just decided to leave Kenya. Yeah, something happened. That I find myself in some situation, that was - that's why I decided to leave Kenya. You are in a club or in a bar, or a great, a club where he worked. So, it was a holiday where I took with my friends, but we fought or subtract by the Nice. So it was dangerous. Yes, yes and did they put you in jail or not? Yeah, we put in jail for like two to three days before my lawyer took my bailed me out. And give me a alternative to look to run away because the situation is dangerous taken Face 14 years in jail. Yes, yes. Fucking this is so then any organization help you there? Yeah, my lawyer from the GALCK organization, So they help you to go out and he got a Visa. They are quit. Go to the Visa, my passport. Everything they just added me took me to the airport. Just keep the flat. The I did not know, it can tell like to yes, because they told me that whichever the Places You'll Go. We'll be safe there. Yes. Yes. But you didn't tell you, it was going to be in France. When they is a gift, they could be. Okay, you have is, I see it's for France. I see, I did not know to come to agree. Ideally goes baby, neighboring, country, baby, Uganda, Tanzania. I don't think it would be European. Yeah, and What did you go through? When you came here, it was a direct line, or you. Yeah, it was a directly from Robbie, to Marseille Marseille directly so good. So good. It was early in the morning. I didn't Alan the moon at 4:00 a.m. where I took my flight and I have did my cell heart. Was, it took to peer to peer. When was it in October? This is indeed the same DEC, 22. 23 September, October. October the same. Same place. And simply simply the Tony. Yeah, no. Tony came on pretty fast. Yeah, totally. It's fast. You can the next day I came the next day. Okay. And when you arrived here did you did you know Tony or any friends or your worldwide not look Tony Tony. I knew Tony through the association. That's why we are you two, OK. I just think they're you didn't know each other. I know each other, okay? But you had the same situation that way when they saw don't need the association. That's when I knew. Okay, what's the reason? Yes, yes 

How did you learn about the organization of new saw the group Musa. Okay. When you, when I came here, you know, having secrets and up. 115 is, two guys used to sleep so they made some Nigerian friends who interacted and they told me, I would leave yet, they told me if that is because them, they are members of organization. They told me, I'll take you to see certain organization And they will help you. Okay. They introduced me to Moosa and they told you it was a little bitty. Yeah, they told me because that guy that we used to see him sleep in the same bed at, use it for being here for being introduced me, okay? And it was 1991. Water like, 115, 115, X is phobia. Okay, and how long did you stay in? The shelter is take for the exit one month that I stayed there. What month? And then what happened one month? When I tried to call the number, they don't pick. So I was sleeping or sleeping outside for a while icon again, and get accommodation for 15 days. When it expires, you sleep outside in the street in the street? Yeah. Okay, so we're in the street. Were you sleeping asleep at the st. Charles st. James mostly because they are most of the people sleep there and there's a bridge that the bleach it's safer than to sleep alone. Again, it's safe that than to see below. Yeah. Yeah. And for, 

Which was is the problem was in the beginning for food that fast cause a problem, because you don't know it fast, you don't speak the same language. So, yes. So it was this it was very difficult but sometimes schoolwork Essentials, this have food. Yes. Yes that's why I moved to make me look like we'll get there before. I knew this place at nationally with resistance with the sisters. Yes. And how did you know, 115? It was 150. Somebody introduced me. Yes. I get in the street in the street. Yeah because you don't think my friend. Why are you sleeping outside? You don't speak the same language. Have you ever tried 115? I do not know that. Now, that's when I call and I got my economy, what they should for 15 days. It was it about four subtypes ante because difficult to get? Yes, yes. Went to sleep with the still for five days, that's why in the message. A so, You wrote that you need to do are two vacancies of the bedroom. So that's why we try to contact with don't. Yes, yes and so now what are you plans? You having a rendez-vous OFPRA? Yeah 28th of next month in one month we have lowered my at 9 a.m. I have already voted and they helped you out the organization to make up your file and everything. Yeah, it helped me with the organization because I have to contact mood booster to prepare to prepare the 

This tissue. Yes. Yes, very good. And yeah. And do you like my say? Yeah, I see, it's a good City to a beautiful city, yes, so far. But from the Future Leaders that we face, it's a good City. What, what do you like in Marseille? See, at least conceivable friendly. Okay, but failing. At least you take, when you meet someone new, you tell him, you don't speak the language. You'll cry as much as possible to help you. Okay, yes, yes. The good thing, otherwise, it will be difficult, very difficult. Yes. When you are not, when we are alone, that's, that's amazing that they are sending you to Marseille nobody here to welcome you. Yeah, that's very Noble to welcome. You don't know anybody. So they literally send you to the street. They send you to the state. They tell you, it's better. You go to this thing. That you go to the police station for energy because then suffer more. So yes, Peter to go to some other country but Don't understand your situation. Yes, yes, rather than you stay there at you suffer more Because the consequences more dangerous the other piece T of these theories. Yes. Yes safer than safer and your family. Thank you so much. Maybe we can stop the recording and you can send it to me through.

Yvanchka
Syrienne (Kurde) trans à Marseille

Pouvez-vous me dire votre nom d'où vous venez ? Quel est votre âge ?

Je m'appelle Yvanchka, j'ai 31 ans. Je viens de Syrie, puis je suis allé en Turquie et en France. Je suis ici depuis cinq ans.

Comment es-tu passé de la Syrie à la Turquie ?

Tout d'abord, les premiers problèmes, c’étaient en Turquie, puis je suis venu ici. En Turquie, il y avait des problèmes, du racisme. Je n'étais pas à l'aise, je ne pouvais pas subvenir à mes besoins. Alors j'ai dit que je devais partir en France. En Turquie, j'avais l'habitude de travailler comme couturière. Je travaillais avec la machine. Parfois, je prenais des médicaments au travail. Parfois, ça allait.

Où viviez-vous en Turquie Istanbul ?

Quatre Syriens vivaient avec moi, chez moi. Puis je suis allé de Turquie en France. Une personne avec beaucoup de problèmes m'a kidnappé et j'en ai parlé aux Nations Unies. C’est lui qui est venu vers moi. Je suis allé vers lui. J'avais une maison propre. Dans la maison, au bout d'un moment, c'est devenu compliqué. Sans une carte d’identité, il n'y avait pas d’autres lieux où aller. Je faisais ce qu’il voulait. Je suivais ses directives, même si c’était interdit, ou alors je devais mourir,

Après presque un an et demi, je suis retourné chez moi ; j'ai changé le numéro de téléphone, tout changé en vain. A Istanbul, je n'étais pas seul, j'étais seul pour les deux, trois premiers mois, et puis, mon ami, celui d'Espagne, est venu en Turquie, celui avec qui j'étais en Syrie.

Où habites-tu ?

Tout d'abord, honnêtement, personne n'est le bienvenu, mais je suis mieux qu'avant. La première chose est j'ai été toute seule, c'est qu'il n'y avait pas de Syriens dans mon quartier, à part ma grand-mère, et il n'y avait personne. J'ai fait la connaissance de l'Association Sindiane lors de sa création, et j'ai été la première bénéficiaire de Syrie, Dieu merci.

Anna
Russe à Marseille

Je m'appelle Anna, j'ai 37 ans et je viens de Russie. J’ai vécu dans de nombreuses villes, mais la dernière était Saint-Pétersbourg. J’ai travaillé dans une entreprise de construction et traité des documents, puis j'ai travaillé dans un centre d’épilation. Je suis arrivée l'année dernière, en juillet 2022. J'ai quitté la Russie à cause de la guerre avec l'Ukraine et du désaccord avec la politique de mon pays. J'ai essayé de partir immédiatement, mais c'était très problématique, vu la situation : par manque d'argent. Mais ensuite les circonstances se sont développées. Alors j'ai dû partir en urgence. Donc je suis venu tout de suite en France de Moscou.

Quand je suis arrivé à Marseille, la première semaine, j'ai vécu dans la rue, mais ensuite il y a eu une femme qui m'a aidée et elle a appelé le Samu (115). J’habite en France depuis presque 9 mois et maintenant je connais des associations qui aident vraiment. J'ai été surprise qu'en France, il y ait beaucoup de gens qui aident les gens, qui veulent vous aider à résoudre le problème des documents, de logement. Ce n'est pas similaire en Russie. La France est un pays humains. J'aime. Je suis surprise, car même sans argent en France on peut vivre normalement. Il y a des gens qui peuvent t'aider à trouver des vêtements, de la nourriture, un travail d'appoint est possible, c'est merveilleusement simple.

C'est merveilleux. Je n'ai tout simplement pas de mots pour exprimer ma gratitude. De plus, il s'est avéré que lorsque j'ai soumis les documents, on m'a donné un papier, qui me donne le droit de suivre des cours de français. Je viens de m’inscrire et là j'étudie le français. Nous avons aussi un atelier, où nous brodons, tricotons, faisons de l'artisanat de nos propres mains et on veut organiser une exposition. C'est très long, mais j'ai des plans maintenant pour résoudre les problèmes avec les documents. Dès mes documents en main, je prévois de suivre une formation pour être esthéticienne. Épiler, j'aime ça. J'aime rendre une fille belle et je prévois d'ouvrir mon propre salon. Dans 10 ans, je me vois en France à Marseille, peut-être femme d'affaires.

 

Russe

Я не говорю по-русски хорошо? Говори по-русски хорошо? Меня зовут Анна мне 37 лет, и я приехала из России Кельвина буквы много городов, но последний санкт-петербург хорошо, что я работала в строительной компании, а занималась документами, потом работала мастером депиляции кескифе взять Активируй в прошлом году 2022 приехала в июля, А я уехала из России по причине войны с Украиной и несогласие с политикой и моей страны. 

Это я постаралась уехать сразу, но это было весьма проблематично. 

Это было немного проблематично в виду отсутствия. Да я постаралась уехать из России сразу, но это было немного проблематично из-за отсутствия денег. Но потом обстоятельства сложились. Так что нужно было срочно уезжать, поэтому я приехала сразу во Францию и прямо в Москве А когда я приехала в Марсель Первые первую неделю я жила на улице, но потом нашлась женщина, которая мне помогла, и она позвонила в 15 сантэнс. Я живу там уже почти 9 месяцев так Да я знаю конизация, которые помогают на самом деле. Я Была удивлена, что во Франции очень много, которые помогают людям, которые стремятся помочь тебе решить проблему с документами с жильём И это не с тем, что в России То есть я хочу сказать, что странно Это Франция это страна для людей. Мне очень нравится. Сюрприз, Да я Была удивлена, потому что даже не денег во Франции можно нормально жить есть люди, которые могут помочь тебе найти одежду, еду какую-то подработку возможно, но это замечательно просто. Он Света соседка. А сейчас я проживаю в твоей с раз. Ты там есть сотрудника со станции сериал, который помогает с регистрацией, который может помочь с налогами рисунки оформить какие-то документы бумаги подсказать, куда можно пойти, что сделать? Ну это замечательно. Я её У меня просто нет слов, чтобы выразить всю полноту. 

А получилось, что когда я подавала документы, Господа ссоры сюжет мне дали бумагу, Где я могу пройти курсы французского языка, это как раз записалась семья, и там Я изучаю французский язык также у нас есть ателье, каучук, где Мы вышиваем вяжем делаем поделки своими руками и последствия собираемся сделать выставку как-то занятия время проявить себя свои хобби, увлечения. Подними covid-19 10 лет. Это очень долгий срок, но, но у меня в планах сейчас решить проблемы с документами, как только документ документы будут на руках. Я планирую пройти обучение смм. 

И заниматься депиляцией, потому что мне это нравится. Это люблю люблю делать девушке красивыми и в планах открыть свой салон и, соответственно, через 10 лет. Я вижу себя во Франции в Марселе возможно businesswoman, как сложится на букву а?






Marta
Géorgienne à Marseille


Je suis en France depuis 2019, avec son mari et à sa fille. Il remercie la France pour ce qu’il a gagné. Il y a beaucoup d’associations qui donnent et aident à apprendre. Il y a beaucoup d’aides pour l'alimentation, par exemple. Il y a beaucoup de choses à faire en France. 

Pour faire tout ça, il faut apprendre la langue. Il faut quelqu'un qui pourrait nous aider, donc il y a beaucoup d'associations pour nous aider et faire tout ça. L'assurance maladie et tout ça, on n’en n’avait pas dans notre pays. On peut travailler dans les restaurants, etc.

Je veux améliorer mon niveau en langue française. J'adore Marseille !





Faiza
Soudanaise à Marseille


Je m'appelle Faiza. Je suis en France, mais la situation n’est pas facile. Je suis venu à cause de la guerre. La guerre au Soudan était le problème principal. J’habite avec son mari dans un appartement privé qui nous a été attribué par une association. C'est l'assistante sociale qui nous l’a trouvé. 

S’adapter à la culture française, ça a été compliqué. Le plus compliqué a été la langue, mais ça me plait d’être à Marseille.





Nada
Egypte puis Marseille (non binaire)


J’ai 32 ans, Notre tante Siam a eu des problèmes avec la police et le gouvernement. Ils ont rencontré des problèmes avec les autorités. Nous sommes venu-es directement d'Egypte à Marseille. Quand j'ai quitté mon pays, il n'y avait pas de plan, et puis le premier choix qui s’est présenté à moi était la France. En France, mon principal problème est celui de la langue. Mais il y a plus de stabilité en France, de paix et aussi le salut.





Fatima
Algérienne à Marseille

Bonjour, je m'appelle Fatima. J'ai 34 ans et je suis d'origine algérienne, de Timimoune dans le sud-ouest de l'Algérie.

Est-ce que vous pouvez me dire à quelle période vous êtes venus et à Marseille ?

Je suis arrivé en France en juin 2014 et je suis venu pour réaliser mon rêve d'obtenir un diplôme européen et je l'ai réalisé. J'ai réussi à l’université d’Aix-Marseille, en 2020, pendant le confinement, j'ai eu mon Master 2 - spécialité langue.

Quelle a été la plus grande difficulté quand vous êtes venu ici en France. 

La grande difficulté : l'isolement d'être seule et en même temps, je suis une maman monoparentale, en situation irrégulière, sans ressources. C'était pas facile pour le début, c'est très, très difficile. 

Quelle association visant à aider le plus ici à Marseille Les Apprentis d'Auteuil 

La Maison des familles, dans le 4e arrondissement ; Les Apprentis d'Auteuil. Ils sont connus en France, à Marseille, au Maroc, au Canada, en Suisse. Ils font beaucoup de choses, ils ont des maisons de famille, des crèches, des boulangeries, des écoles privées, des églises. C'est un truc vraiment international. Là-bas, la directrice, les salariés : ils m'ont beaucoup aidé. Puis, j'ai commencé en 2020 avec Sindiane, après avoir finit mes études. J'ai pas travaillé, j'ai pas travaillé tout de suite. Alors j'ai cherché du bénévolat, et j'ai commencé les accompagnements médico-sociaux. 

Et aujourd'hui ma fille a 8 ans. Elle est née ici, elle est à l’école, elle va au centre aéré pendant les vacances. Voilà, j'essaie de le montrer l'exemple, je sais pas… d’une femme combattante. En fait, de ne pas se laisser faire, de réussir malgré le fait d'être partie, et peut-être aussi le courage. Je serai contente qu’elle ait ces qualités dans cette vie.

Où vous voyez-vous avec votre fille dans 10 ans ? 

On parle beaucoup et j'essaye de la considérer comme mon amie. Oui bien sûr que c'est ma fille. Je dois lui donner un cadre et tout, mais j'essaie surtout de lui donner le maximum de conseils, et j'aimerais qu'elle réussisse dans cette société, comme n'importe citoyenne française. 

Merci beaucoup.